Rentrer dans la Grotte, ça veut dire rentrer en soi.
On se découvre, on se voit réellement. On met de la lumière chez nous, et on découvre notre univers et notre maison.
Le travail de la terre est au final assez introspectif: en centrant la terre, je me centre moi aussi. Je prends conscience de mes gestes et en créant une pièce, je prend une place dans le monde.
J’essaie de créer une pièce qui aura sa propre place ensuite, qui s’incarnera elle-même. Créer des objets qui ont du sens pour moi et pour les autres.
La présence de soi-même quand on crée une pièce est tellement importante dans le processus. On découvre ce qui est réellement précieux, ce qu’on souhaite transmettre : il est impossible de réaliser ce qui est loin de nos valeurs. Les pièces deviennent ainsi l’essence de nos partages.
J’ai l’impression que dans un monde où tout existe déjà et où beaucoup de choses sont sur-produites, produire « pour soi » n’a pas de sens. En existant, les pièces sont des véhicules de ce que l’on transmet. Et là, c’est la grande question, une réflexion personnelle qui prend du temps, une réponse qui évolue.
Définir de quoi la céramique est le véhicule pour moi est en cours de réflexion, et je laisse de l’espace et du temps au réponses pour émerger.
Peut-être que c’est « trop réfléchir », mais depuis quand produit-on des objets qui ne sont pas pensés auparavant ?