Yakishime – les pièces du feu

Yakishime vase griffe pieces cuisson Anagama 2023 sombres Margaux Ceramcis 2

Yakishime (焼き締め), ce qui signifie “céramique cuite à haute température sans émail” (et littéralement “vitrifié par la cuisson”). Les pièces cuites à plus de 1350°c sont pratiquement totalement vitrifiées, fermées, et peuvent ainsi être utilisée au quotidien, même sans émail appliqué dessus.

Le décor de ces pièces est réalisé soit par les flammes et les braises directement, soit par des cendres saupoudrées juste avant l’enfournement.

Yakishime theieres pieces cuisson Anagama 2023 sombres Margaux Ceramcis 3

L’Anagama, c’est un four à bois japonais qui se présente comme une grotte : on rentre dans le four pour y installer les pièces, on referme derrière nous en empilant des briques qui seront scellées par du torchis. Seulement quelques ouvertures sont laissées pour nourrir le feu de bois tout au long de la cuisson.

La cuisson dure 4 jours et 4 nuits, pendant lesquelles il faut surveiller et nourrir le feu. La nuit de Pleine Lune qui arrive indique la fin de la cuisson : ce sont les dernières 24H de cuisson, le tirage est plus efficace et permet de réaliser des réductions et d’atteindre les derniers degrés.

Le four est nourri à l’avant, à l’entrée du four : on y jette des bûches, en général 6, plus si réduction. Il faut les jeter d’une certaine manière à travers le carré de 30cm afin de ne pas se brûler, il ne faut pas du tout rentrer ne serait-ce qu’un peu, la main dans le carré. Il est aussi nourri à l’arrière, au relai. C’est un minuscule carré de 15cm maximum dans lequel on jette de longue baguettes de bois.

Quand on ne jette pas de bois au feu, il faut le tailler, le déplacer, le préparer pour les prochains enfournements. Et ensuite manger, dormir, peu importe l’heure.

L’entièreté de la cuisson est physique : le rythme de travail décalé, le bois déplacé. On est entièrement liée au four pendant tous ces jours et ces nuits.

La cuisson au bois est une manière de ralentir aussi le rythme : on réalise quelques cuissons par an seulement. Le temps de préparation du four est long, l’enfournement peut parfois prendre plusieurs jours, la cuisson en elle-même est plus longue que dans d’autres fours, le temps de refroidissement est idéalement d’une semaine minimum, et puis après les pièces défournées il faut prendre le temps de voir chaque pièce. A-t-elle besoin d’une autre cuisson ? Est-ce qu’elle n’est pas trop déformée ? Est-ce qu’elle n’est pas cassée d’avoir vu trop de bûches passer ?
Tant de choses peuvent arriver pendant que le feu travaille : c’est avec une grande excitation qu’on découvre les pièces laissées dans la grotte. On ne sait pas si on sera déçue ou vraiment heureuse du résultat.

Pour cette première cuisson, je voulais d’abord voir le travail des flammes sur les pièces, sans autre pose de décor et notamment d’émail.

je ne m’attendais pas à voir des pièces sortir du four en entier : je pensais que tout allait fondre, qu’aucune pièce ne serait valable.

Et puis non, toutes sont sorties plus ou moins indemnes du four.

Toutes ont des nuances uniques, un décor particulier qui atteste que les flammes sont passées par là. Certaines sont complètement déformées, notamment des théières dont les emboitements ne permettent plus aux couvercles de passer. Certaines que j’ai cassées au moment de retirer les boulettes qui calent chaque pièce.

Et puis, d’autres, sont là.

pieces cuisson Anagama 2023 vases et theieres Yoh Tanimoto Patricia Cassonne Margaux Ceramcis 50
Yakishime

Laisser un commentaire