Présentation des Grottes, pièces modelées
Vous le savez peut-être déjà mais ce sont des pièces modelées que je travaille lentement avec la technique des colombins (ce sont des boudins de terre). Cette technique ancestrale me permet de bâtir une forme petit à petit, les parois de la pièce et la cavité en même temps.
A chaque fois, un dessin que je réalise auparavant m’inspire; même si je m’émancipe souvent de ce qu’il y a sur le papier pour suivre les envies de la pièce.
Après cette étape, je passe un temps à les lisser, à peaufiner leurs courbes et leurs formes. Le décor est ensuite assez aléatoire ; une surprise que j’aime bien garder pour redécouvrir ensuite la pièce comme si elle s’était créée elle-même dans la sciure ou dans la cendre.
Depuis l’été 2019, j’utilise des cendres de bois que je récupère de quelques cheminées familières. Les cendres sont mélangées au fur et à mesure, c’est un mélange inconnu à chaque fois.
A partir de ces cendres, je réalise l’émail : du bois de l’arbre qui aura réchauffé les maisons, la cendre se transforme et se vitrifie, et devient à 1260°C grise comme la pierre, par endroits brune ou encore caramel…
D’autres Grottes sont enfumées : là encore le bois sous forme de sciure se consume et donne à la terre ces nuances noires et brunes. Les pièces sont enfumées trois jours durant, dans un grand fût. La terre encore poreuse s’imprègne de la fumée.
Je les appelle “sculptures de la vie intérieure”.
La lecture de la lettre de Georges Didi-Huberman à Laszlo Nemes, son livre Sortir du Noir, m’a beaucoup marqué lors de la création de la première Grotte. Il y aborde le fait de faire sortir du noir, de porter à la lumière quelque chose, de regarder ce “trou noir intérieur”.
Pour moi, c’est ce qui représente le mieux les Grottes. Il y a ce rapport entre ce qui est déjà là, ce qu’on veut voir – ou non – et ce que l’on met au jour.
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Je vois les Grottes comme des personnes :
Elles sont toutes uniques, elles ne sont réalisées qu’une seule fois et je trouve qu’elles ont une présence vraiment personnelle à chacune.
Elles sont en fait plutôt des miroirs de nos vies intérieures : ce qu’on garde pour nous, dans notre Grotte, ce que l’on veut montrer à l’Autre, ce qui nous influence en dehors de nous, ce que les Autres voient… Bref, un jeu de ce qui est Invisible et Intérieur, d’ombre et de lumière, d’intimité et de partage.
Pour moi, on choisit sa Grotte : elle existe pour soi car elle fait résonner quelque chose dedans.
En cela, elles sont supports de méditation : elles nous font penser à notre Intérieur, notre Grotte à nous. On les voit déjà à leur place chez nous : sur un autel, dans notre chambre, au pied d’un arbre à vivre avec la nature…
Elles nous apprennent l’observation, d’abord par la petite serrure, puis s’observer totalement, voir ce qui est, porter à la lumière, sortir du noir.
“Comme si le noir pouvait m’offrir […] un espace ou un temps pour respirer, pour souffler un peu”
Didi-Huberman, Sortir du Noir
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